La zone grise


Je vois et j'entends dans le discours d'à peu près tout le mond, les psys, les coachs, la religion, deux discours, deux courants qui font de ma vie un genre d'enfer. Tu sais, les polarités, moi ça me gosse, parce que dans la vie, il y a juste des nuances de gris. Mais dans ce contexte-là, j'ai ben de la misère à m'installer dans le gris, comme si je devais absolument prendre position. Mais pourquoi donc?

D'un bord, il y a le courant ou la pensée du type « t'es faite de même ». Peu importe ce que tu as, un trauma, un symptôme, un diagnostic (qui à mon avis est juste une manière de définir des symptômes, mais ça, c'est un autre sujet pour un autre post), ben t'es faite de même! Pis t'es ben mieux « d'apprendre à vivre » avec ce que tu es que d'essayer de le changer. Really, il y a beaucoup de gens, de professionnels qui pensent comme ça, qui encouragent même à aller s'asseoir dans cette chaise-là.

Puis de l'autre côté, il y a toute la gang de monde qui se pense vraiment plus hot, ceux qui disent qu'on peut aller tout nettoyer nos traumas, que notre âme est pure, que la souffrance est une illusion, une distorsion, qu'on peut se débarrasser de tout ça avec les bons outils, la bonne drogue, le bon coach, la bonne prière, le bon dieu, la bonne reprogrammation, le bon *whatever*. C'est tentant en crisse, on va se le dire. Quand toute ta vie, tout ce que tu te rappelles, c'est que tu souffres, si quelqu'un t'offre un moyen d'arrêter de souffrir... qui n'a pas envie de l'essayer?

Faque me voilà, après 10 ans. Je pense sincèrement qu'il n'y a pas grand-chose que je n'ai pas essayé. Bon, il y en a sûrement que oui, genre les vraiment trop chers! 

Aujourd'hui, je sais que je vais mieux, mais je souffre encore. Je ne dis pas ça pour me plaindre. Je regarde ma situation avec du recul pis je me dis : bah, peut-être que ça serait plus simple de juste accepter que c'est ça, ma vie, qu'elle vient avec de la souffrance? C'est pas tentant, mais il me reste pas tant d'options.

Mais sinon, entre les deux, dans la zone de gris, il y aurait quoi? Ça serait quoi le compromis entre les deux? Des bonnes et des moins bonnes journées? Probablement quelque chose qu'Eckhart Tolle dirait (je ne connais rien des enseignements du monsieur), mais sûrement quelque chose comme vivre dans le moment présent, cesser de chercher quelque chose d'autre, accepter les moments de souffrance comme les moments de non-souffrance. Essayer de définir la vie autrement que par la souffrance, déjà ça, c'est un beau premier pas.

Je suis tannée de me faire donner le speech de « ça va changer ta vie ». Je trouve ça hypocrite et puis c'est pas vrai! Puis je trouve que de choisir de me dire « je suis comme ça, je ferai rien pour changer », c'est renier le cadeau de l'incarnation. 

Alors je me dépose du mieux que je peux dans cette zone de gris où je peux respirer sans étouffer, dans ce monde où c'est si difficile pour moi d'exister. Et je choisis, chaque jour, d'accepter ces nuances tout en essayant d'y voir autre chose que du gris. C'est tout un défi, mais je pense que la vie en vaut la peine. Un jour à la fois

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